Retour aux actualités

Retour sur la commémoration du 11 novembre 1918

Discours de Jérôme Moroge, Maire de Pierre-Bénite, à l’occasion du 11 novembre 2021.

 

 » Nous sommes réunis aujourd’hui pour commémorer l’armistice du 11 novembre 1918. Cet armistice signe la fin de 4 années de guerre sur le sol de France, 4 années au cours desquelles toutes les familles françaises ont connu la peur, la douleur d’une disparition, 40 ans seulement après la perte de l’Alsace et de la Loraine.

Ce poids terrible, qui fut celui du deuil, a touché tant de famille… à tel point qu’au sortir de la Guerre, cette France n’est plus la même. Les villages sont occupés par les vieillards et les femmes seules qui ont tenu le Pays à bout de bras durant 4 longues années. Alliant la vie familiale, l’usine et les travaux des champs.

La seule vertu de la Guerre est sans doute de démontrer le pouvoir exceptionnel de la solidarité.

Mais en 1918, le bilan est terriblement lourd. La France sort victorieuse mais meurtrie avec près de 1 400 000 soldats français et coloniaux décomptés morts (dont environ 1 327 000 « Morts pour la France »), soit 27 % des 18-27 ans.

24 villages ont tout simplement disparu après le premier conflit mondial. Rayés de la carte, dévastés par l’odeur de la mort. Ils s’appelaient Regniéville, Nauroy, Fleury-devant-Douaumont…etc.

En 1924, le président de la République Raymond Poincaré n’y avait-il pas prononcé cette phrase vibrante :

« Passant, va dire aux autres peuples que ce village est mort pour sauver Verdun et pour que Verdun sauvât le monde ».

Toute une jeunesse est tombée au champ d’Honneur pour notre Liberté, pour ce drapeau tricolore qui signifie tant sur l’histoire de notre Pays. Cette patrie qui, en 200 ans, a su accomplir cette transition depuis la Royauté jusqu’à la République ; avec à la clé cette admiration à travers le monde.

Le sacrifice de ces jeunes Français, venus de tous les départements mais aussi de tous les continents nous engage !

Il nous engage à faire vivre ce devoir de Mémoire qui nous réunit aujourd’hui

Il nous engage à promouvoir cet héritage glorieux

Il nous engage enfin à défendre la France et son idéal démocratique, partout, toujours et à tout moment, dans notre vie quotidienne comme dans nos missions de service public.

Cette mission est très bien illustrée par Clémenceau qui disait “La démocratie, c’est le pouvoir pour les poux de manger les lions.”

Cependant la démocratie et la liberté ne sont pas des préalables, mais bien l’aboutissement des longs sacrifices consentis par le Peuple de France.

Permettez-moi de rebondir à présent et d’évoquer la pandémie et les fragilités qui traversent notre Pays.

Il y a un an et demi, le 16 mars 2020, le Président de la République s’adressait à la France en ces termes, l’air grave : « NOUS SOMMES EN GUERRE… ».

Sans revenir sur l’inadaptation des mots, le Covid attaquait en effet notre pays. Après ce discours, souvenons-nous de la panique qui s’est emparée de notre pays. Souvenons-nous de ces comportements, de cet égoïsme inédit : ici des émeutes pour de la farine, ici des pâtes, là du papier toilette…

Cela doit nous questionner.

 

Sommes-nous à la hauteur ?

Sommes-nous de dignes descendants des Poilus, de ces héros de Verdun qui combattirent dans le froid et la crasse ? Enfin respectons-nous seulement notre passé ?

Nous savons la France à un tournant. Notre Pays est fragile, la dette a été multiplié par 2 en 10 ans pour atteindre 3000 milliards, tandis que l’inflation atteint des records et plonge de nombreuses familles dans la précarité.

Là encore, nos racines peuvent nous apporter la persévérance et le courage nécessaire pour relever les immenses défis qui nous attendent.

Mais pour cela encore faut-il assumer et être fier de l’histoire de notre pays qui bien entendu compte aussi sa part d’ombre.

L’histoire de France, c’est l’histoire de France, elle correspond à des époques, à des moeurs, elle s’inscrit dans une histoire de l’humanité.

Et permettez-moi de vous dire que cette détestation de notre histoire, cette repentance permanente est indigne de nos représentants et de nos gouvernants.

Aucun pays au monde ne sacrifie autant sa propre histoire, au nom de la repentance et du politiquement correct, s’enfonçant ainsi, toujours un peu plus, dans une perte totale d’identité nationale.

 

Notre pays est malade de son Histoire. Malade de ne pas la connaître, de ne pas la transmettre, d’être sans cesse tenté de la réécrire pour l’instrumentaliser; malade, surtout, d’y renoncer par lâcheté et refus de se confronter aux minorités.

 

Quand on connaît le rôle de l’histoire dans la constitution de l’identité d’une nation, il est aisé de comprendre le délitement actuel de notre cohésion nationale.

 

Je ne pourrais terminer ce discours sans avoir une pensée pour nos soldats engagés en opérations.

Qu’ils soient au service de la Nation pour assurer notre souveraineté en Guyane, en Nouvelle-Calédonie, pour faire face au terrorisme en France comme à l’étranger, ils méritent de notre part une attention toute particulière.

La France a malheureusement perdu de trop nombreux soldats au cours de cette année. Dans le sable de l’Afrique, ils se battent vaillamment aux côtés de nos alliés africains avec aujourd’hui comme hier un idéal, celui de la liberté.

Je conclurai par un extrait du discours de Georges Clémenceau, prononcé le 11 novembre 1918

“Honneur à nos grands morts. Grâce à eux, la France, hier soldat de Dieu, aujourd’hui soldat de l’humanité, sera toujours soldat de l’idéal.”